Diminution ou arrêt de l'alimentation, par perte d'appétit ou refus de se nourrir.


L'anorexie peut avoir une origine organique, psychique ou être liée à un abus de médicaments, notamment d'amphétamines.
Parmi les causes organiques, on trouve les tumeurs cérébrales ou certaines blessures du cerveau touchant l'hypothalamus ou le cortex cérébral. Une anorexie peut aussi révéler une maladie de l'appareil digestif, une tumeur de l'estomac, un ulcère gastrique, des troubles hépatiques (hépatite) ou certaines maladies infectieuses (grippe). Les causes psychiques sont, elles aussi, très diverses : névroses, hypocondrie, dépression, trouble psychotique (crainte délirante d'empoisonnement), état démentiel, etc
L'anorexie peut être légère et transitoire ou bien grave et chronique. Beaucoup de sujets atteints de cette affection sont méticuleux, impulsifs, intelligents, et des plus ambitieux. Les premiers indicateurs de l'imminence de l'affection sont la préoccupation du poids corporel (chez des patients qui sont maigres, comme ils le sont déjà pour la plupart) et la restriction alimentaire. La préoccupation et l'anxiété concernant le poids augmentent par la suite, en même temps que s'accentue le dépérissement. La négation de l'affection est une caractéristique importante. Les patients ne se plaignent pas d'anorexie ou de perte de poids, résistent habituellement au tt, et sont soumis à l'attention du médecin par leurs familles, pour des maladies intercurrentes, ou bien des plaintes liées à d'autres symptômes (p. ex. gonflement, douleur abdominale, constipation).
L'« anorexie » est un terme inapproprié, parce que l'appétit est conservé même si le patient finit par être cachectique. Les patients sont préoccupés par leur alimentation : ils étudient les régimes et les calories ; accumulent, cachent et gaspillent les aliments ; collectionnent les recettes ; préparent des
repas élaborés pour les autres personnes. Les patients sont souvent malins, mentent sur l'absorption alimentaire et sur leurs comportements cachés, comme les vomissements induits. Dans 50 % des cas d'anorexie, se manifestent des accès de boulimie incontrôlables suivis de vomissements induits et d'utilisation de laxatifs et de diurétiques (comportement d'attaque de boulimie). 50 % des patients restants réduisent simplement la quantité des aliments qu'ils mangent. La plupart d'entre eux pratiquent une activité physique excessive pour contrôler leur poids.
Les patients perdent habituellement tout intérêt pour la sexualité. D'autres signes fréquents comprennent la bradycardie, une PA basse, une hypothermie, un lanugo ou un hirsutisme léger et des oedèmes. Même des patients cachectiques tendent à rester très actifs (comprenant la poursuite de
programmes d'exercices physiques vigoureux), ne présentent pas de symptômes de déficit nutritionnel et n'ont pas de susceptibilité particulière aux infections. La dépression est fréquente. Les anomalies endocriniennes comprennent un tableau de sécrétion d'hormone lutéinisante typique
de la phase pré-pubertaire ou d'une puberté débutante, de bas niveaux de thyroxine et de triiodothyronine et d'une augmentation de la sécrétion de cortisol. Chez les patients gravement dénutris, pratiquement chaque organe important peut présenter des dysfonctionnements, mais les maladies cardiaques et hydro-électrolytiques sont les plus dangereuses. La masse musculaire cardiaque, les dimensions des cavités cardiaques et le débit diminuent. Une déshydratation et une alcalose métabolique peuvent survenir et le taux de K peut être bas. Tous sont aggravés par les vomissements auto-induits et par l'utilisation de laxatifs ou bien de diurétiques. La mort subite,
fréquemment par arythmie ventriculaire, peut se produire. Certains patients présentent un allongement de l'intervalle QT (même après correction par rapport à la fréquence cardiaque), qui, avec les risques imposés par les troubles électrolytiques, peut prédisposer à des tachyarythmies.
L'anorexie est rendue habituellement évidente par la constellation de symptomatologies, particulièrement la perte de 15 % du poids corporel chez un sujet jeune qui craint l'obésité, développe une aménorrhée, nie la maladie et qui pour le reste semble être en bonne santé. La clef du diagnostic est la mise en évidence de la peur fondamentale de l'obésité, peur qui n'est pasréduite par la perte de poids. Chez la femme, l'aménorrhée est nécessaire pour le diagnostic. Dans les cas graves, le diagnostic différentiel avec une dépression marquée ou avec des symptômes qui suggèrent une autre affection, comme la schizophrénie, peut être nécessaire.
Traitement
Le tt comporte 2 phases : une intervention à brève échéance pour rétablir le poids corporel et sauver la vie, et un tt à long terme pour améliorer le fonctionnement psychologique et prévenir les récidives. Si la perte de poids a été sévère ou rapide ou bien si le poids a chuté en dessous d'un niveau
arbitraire (p. ex. 75 % du poids idéal), il devient impératif de restaurer rapidement le poids, et d'hospitaliser la patiente. En cas de doute, elle doit également être hospitalisée. Eloigner la patiente de chez elle peut parfois inverser une évolution vers l'aggravation, bien qu'un tt psychiatrique plus actif
soit souvent nécessaire. La nutrition par sonde ou par voie parentérale est rarement nécessaire. Une fois que l'état nutritionnel et l'équilibre hydro-électrolytique de la patiente se sont stabilisés, le tt à long terme débute. Il est compliqué par l'aversion de la patiente pour la prise de poids, par le déni de
la maladie et par des comportements manipulateurs. Le médecin doit chercher à établir une relation sereine, stable, en encourageant simultanément une absorption raisonnable de calories. Il est souvent
utile d'assurer une prise en charge conjointe par le médecin de famille et un psychiatre, et la consultation ou l'envoi à un spécialiste des troubles du comportement alimentaire est sage. La psychothérapie individuelle comportementale, cognitive ou psychodynamique est utile, ainsi que la
thérapie familiale chez les patientes les plus jeunes. La fluoxétine est utile pour prévenir les récidives après que le poids a été rétabli.
Larousse 2004
Manuel Merck
English translation??